L’Europe et l’Italie font de nouveau pression sur la Tunisie

Dans moins d’un an, pour la deuxième fois, Mme la ministre italienne de l’Intérieur se rendra en Tunisie aujourd’hui, jeudi 20 mai 2021, soutenue par le commissaire européen à l’intérieur. Cette visite s’inscrit dans le cadre des pressions continues de l’Italie et de l’Union européenne sur la Tunisie pour imposer davantage de coopération en matière de surveillance sécuritaire des frontières et des côtes et pour coopérer à l’expulsion forcée des migrants.
Dans une situation politique et sociale difficile en Tunisie, où la violence et la criminalité sont répandues, et où des réseaux criminels actifs qui visent la sécurité du citoyen et l’économie du pays, ainsi que les groupes terroristes qui sont toujours actifs dans les montagnes, les autorités sécuritaires préfèrent se concentrer à jouer le rôle d’un garde-côtes dévoué en mobilisant d’énormes capacités logistiques et humaines au détriment d’autres priorités, sachant que le nombre d’opérations de migration clandestine avortées a atteint 245 opérations, depuis le début de l’année, soit une augmentation de 242% par rapport à la même période en 2020, empêchant 4 100 immigrants d’atteindre les côtes italiennes.
Et la Tunisie, sous la pression européenne, accepte de s’inscrire dans cette démarche.
La fragilité politique et économique de la Tunisie est exploitée par l’Italie et l’Union européenne pour imposer une coopération injuste, violer la souveraineté du pays, la dignité et les droits des migrants et aggraver la tragédie humaine sur les côtes tunisiennes. Depuis le début de l’année, le forum a suivi plus de 153 cas de noyade dans les eaux territoriales et sur les plages tunisiennes, en plus de dizaines de personnes portées disparues. C’est ainsi que les accords et politiques de contrôle et de prévention sont imposés au détriment d’approches plus humaines qui donnent la priorité à la recherche et au sauvetage, et pour que l’Union européenne et ses pays font supporter les conséquences de ses politiques d’immigration inhumaines et la politique de « laissez le mourir loin des frontières européennes
Compte tenu du manque de transparence, ces accords devraient être disponibles, afin de permettre à la société civile des deux pays d’accéder pleinement aux mesures prises et de vérifier qu’elles respectent les droits fondamentaux.
L’escalade de la pression sur la Tunisie et son inclusion dans de nombreuses classifications européennes négatives et l’obligeant à se rendre et à coopérer, en particulier dans l’expulsion forcée d’immigrants, sachant que l’Italie a expulsé de force 1703 Tunisiens via l’aéroport d’Enfidha-Hammamet uniquement pendant la période d’août à décembre 2020, par le biais de 51 vols inopinés suite à un accord inopiné pour doubler le nombre des expulsés par semaine pour atteindre le nombre de 600 expulsés par mois.
Depuis novembre 2020, les pays de l’Union européenne ont déployé des unités maritimes et aériennes au large des côtes tunisiennes pour informer les autorités tunisiennes d’éventuels tentatives de migration clandestine, ce qui a permis à la Garde navale tunisienne d’atteindre des chiffres records en nombre d’opérations avortées, et à l’armée de mer à intercepter des migrants irréguliers en dehors des eaux territoriales tunisiennes.
A l’heure où la Tunisie a besoin d’une harmonie entre les présidences de la République et du gouvernement pour faire face aux problèmes économiques et sociaux, cette harmonie n’apparaît que dans le dossier de soumission au chantage italien et européen en matière d’immigration.
La complaisance continue des autorités tunisiennes à adopter une approche et une stratégie claires dans le domaine de la migration qui respecte les droits et la dignité des migrants, et le manque de transparence dans les négociations avec l’Union européenne et ses États membres, en particulier l’Italie, sont inacceptables.
En ce qui concerne la coopération tuniso-italienne cohérente et accélérée dans le suivi et la prévention avec des techniques avancées et une rapidité d’identification de l’identité des migrants et de rapatriement forcé, cette efficacité disparaît dans la recherche des disparus pour apporter des réponses à des dizaines de mères à la recherche des leurs.
Le Forum tunisien des droits économiques et sociaux alerte l’opinion nationale sur le danger de ce que l’Union européenne et l’Italie envisagent dans le cadre de la soi-disant résistance à la migration irrégulière et fait assumer la responsabilité à la présidence de la République, à la présidence du Gouvernement et l’Assemblée des représentants du peuple, qui a abandonné son rôle pour arrêter ce dangereux déclin dans le cours des relations en matière d’immigration sans suivi ni questionnement.
Les acquis politiques et en matière de droits humains en Tunisie sont plus fragiles et menacés aujourd’hui qu’à tout autre moment, en raison de la détérioration de la situation économique, sociale et politique dans le pays, et qui contribue à son approfondissement des partenariats, politiques et pratiques inéquitables, qui contribuent à l’aggravation de la crise sociale, menaçant de saper la voie démocratique dans le pays.

Le Forum Tunisien des Droits Economiques et Sociaux

Le Président : Abderrahmane El Hedhili

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *