FTDES : comment une organisation basée à Vienne coordonne et dirige le déploiement d’un système de contrôle multilatéral aux frontières restrictives en Tunisie

COMMUNIQUE DE PRESSE

« La frontière tunisienne est aussi une frontière autrichienne lorsqu’il s’agit de prévenir les migrations irrégulières et illégales », a proclamé le ministre autrichien de l’Intérieur Karl Nehammer en juin 2020, lors d’une conférence de presse à Vienne, organisée conjointement avec le Directeur général du Centre international pour le développement des politiques migratoires (ICMPD) Michael Spindelegger.

A cette occasion, Nehammer et le directeur de l’ICMPD ont annoncé le lancement de la troisième édition du Programme de gestion intégrée des frontières (IBM Tunisia III), un autre projet de contrôle et de surveillance des frontières en Tunisie doté d’un budget de 8,3 millions d’euros et cofinancé par le gouvernements d’Autriche, d’Allemagne et du Danemark. L’ICMPD, basé à Vienne, est une organisation internationale qui fournit des services de recherche et de conseil ainsi que des opérations sur le terrain dans le domaine de la « gestion des migrations » et du contrôle des frontières dans des dizaines de pays d’Europe, d’Asie et l’Afrique, pour coordonner et mettre en œuvre le projet.

Bien que l’ICMPD ait déjà été créé en 1993 et ​​soit devenu depuis un acteur important en matière d’externalisation du régime frontalier européen vers la Tunisie et d’autres pays de la région, l’organisation est encore largement méconnue en Tunisie et en Europe. Après l’ouverture de son bureau de Tunis en 2015, l’ICMPD a considérablement étendu ses opérations en Tunisie et est aujourd’hui impliqué dans un large éventail de projets financés par l’Europe, visant à fortifier les frontières terrestres et maritimes de la Tunisie et à externaliser le régime européen de contrôle des frontières vers les côtes nord-africaines.

En Tunisie, l’ICMPD est mandaté pour coordonner des projets de « gouvernance des migrations », le renforcement des capacités des autorités tunisiennes, un programme de collecte de données et des dialogues informels entre les représentants du gouvernement et la société civile. Plus important encore en termes de budget et d’impact immédiat sur le terrain, deux projets de formation et d’approvisionnement de la police à grande échelle avec un budget total de 33 millions d’euros. Dans le cadre de ces projets, l’ICMPD organise des formations pour les institutions policières et douanières tunisiennes, achète des équipements sophistiqués de surveillance et de contrôle des frontières pour la Garde nationale tunisienne et est en charge de la mise en place de deux centres de formation de police inter-agences dans les gouvernorats de Béja et Tozeur, conçus pour faciliter la formation des gardes-frontières tunisiens et des autorités de police des « États voisins ».

Déguisés en projets qui servent les intérêts de la Tunisie et renforcent la « sécurité des frontières », ces projets visent en fait à faire de la Tunisie un chien de garde clé du régime européen des frontières et une véritable forteresse car ils incitent les autorités tunisiennes à restreindre la libre circulation des personnes et maintenir les gens en mouvement loin des côtes européennes. L’ICMPD est encore une organisation relativement petite en termes de personnel et de budget par rapport à d’autres acteurs clés du régime frontalier de l’UE. cependant, au fil des ans, l’ICMPD est passé d’un projet de conseil mineur et temporaire à un important fournisseur de services pour les États européens et un acteur essentiel pour l’externalisation du régime des frontières de l’UE. Comme l’ICMPD reste une organisation largement inconnue en Tunisie et en Europe, ce rapport vise à dresser le profil des activités de l’ICMPD en Tunisie et à faire la lumière sur son histoire, son programme global et sa transformation opérationnelle afin de mieux comprendre son impact en Tunisie et au-delà.

Lien original du communiqué de presse

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