Quand on refuse de sortir par la grande porte, on finit défenestré

Le cirque qui se joue en Guinée n’a que trop duré aux yeux des militaires des forces spéciales. Conduits par leur chef, le colonel, Mamady Doumbouya, ils ont mis la main sur Alpha Condé, sonnant du coup, le glas de son régime.

« Bien souvent à refuser de sortir par la grande porte, on finit par sortir par la fenêtre. Nous finirons par ce proverbe : « Quand on ne sait pas où on va, on sait au moins d’où on vient ». À bon entendeur ! ». Par ces mots, nous concluions, le 13 février 2020, parlant d’Alpha Condé, un éditorial consacré à la Guinée. À ce moment, l’ancien militant devenu Président avait commencé par manifester son envie de violer tous ses serments antérieurs pour s’engager sur le périlleux chemin du troisième mandat.

Le président guinéen Alpha Condé entre les mains des putschistes des forces spéciales

Alpha Condé vient d’apprendre cette belle leçon à ses dépens. Celui qui, il y a quelques mois, avait forcé le passage vers le troisième mandat contre la volonté de la majorité écrasante de ses concitoyens, a été capturé par le colonel Mamady Doumbouya et ses hommes des forces spéciales. Les images du vieillard en chemise simple et jeans, entouré par les militaires continuent de faire le tour des réseaux sociaux et des médias internationaux. Triste fin pour l’homme dont l’élection à la magistrature suprême avait porté les espoirs de tout un peuple, en 2010.

L’opposant historique, le chantre de l’alternance démocratique emprisonné pour les causes justes qu’il défendait, une fois parvenu au pouvoir, avait renié son passé, ravalé ses vomissures pour se transformer en un Président avide du pouvoir. Une volte-face qu’aujourd’hui encore on a de la peine à s’expliquer si ce n’est de conclure que l’homme n’était pas convaincu du combat qu’il menait, qu’il singeait tout simplement. Une fois au pouvoir, il a révélé son vrai visage.

Alpha Condé avait tout à sa portée pour entrer triomphalement dans l’histoire et être le futur « Mandela de la Guinée » comme lui-même se plaisait à le dire lors de sa première investiture, en 2010. Mais, du haut de ses 83 printemps, il a préféré s’accrocher à ce troisième mandat, qui manifestement, était le mandat de trop. Ne dit-on pas qu’un vieillard assis voit plus loin qu’un jeune homme debout ? Eh bien, Alpha Condé est la preuve vivante que cette assertion a ses limites. Car le vieux n’a pas vu venir ce coup qui l’a pris au dépourvu. Quand on a eu le parcours qui a été le sien pour finalement tomber dans les mêmes travers que ceux que l’on combattait, alors on n’est rien d’autre qu’un traître. Et les traîtres ont leur place dans la poubelle de l’histoire.

Le sort réservé à Alpha Condé, ce dimanche, devrait servir de leçon aux autres chefs d’État africains qui s’accrochent au pouvoir, foulant aux pieds les dispositions de la Constitution de leur pays. Le trio Alpha Condé – Alassane Ouattara – Faure Gnassingbé qui apparaît comme les mauvais exemples en Afrique de l’Ouest vient de perdre un de ses membres qui plus est le doyen. De quoi donner des sueurs froides dans le dos de Alassane Ouattara et peut-être moins pour Faure Gnassingbé qui semble avoir, comme son père, trouvé le mécanisme pour tenir à sa solde le peuple togolais. D’autres Présidents tels que le Sénégalais Macky qui s’apprêteraient à leur emboîter devraient rapidement revoir leur copie.

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Photo : Alpha Condé, désormais ex-Président de la Guinée

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