Pfizer et Moderna vont-ils adapter (rapidement) leurs vaccins au variant Omicron ?

Alors que cette nouvelle souche fait planer la menace d’un nouveau tournant dans la crise sanitaire, les laboratoires se préparent à l’adaptation de leurs vaccins.

Le variant Omicron pourrait pousser les firmes pharmaceutiques à renouveler le contenu de leurs flacons plus rapidement que prévu. Alors que la campagne de rappel bat son plein dans une partie des pays occidentaux, les vaccins anti-covid 19 doivent faire face à une nouvelle souche potentiellement très contagieuse et aux mutations multiples.

Au niveau mondial, le variant B.1.1.529 suscite l’inquiétude alors qu’il se répand hors de l’Afrique du Sud, poussant le monde à progressivement fermer ses frontières à l’Afrique australe. « Les variants précédents avaient moins de 10 mutations dans cette protéine et le variant Omicron en a plus de 30. C’est un point de préoccupation, car cette variabilité suggère que l’efficacité du vaccin contre ce nouveau variant devrait être atténuée », indiquait le virologue Etienne Decroly, dans L’Express. 

Moderna sur une dose de rappel spécifique

Selon le spécialiste, il est donc nécessaire d’anticiper sur la question de la vaccination, car le sérum actuel correspond à la souche originelle du virus alors que ce dernier a beaucoup évolué depuis 2020. Le vaccin perd donc en efficacité bien qu’il reste efficace contre les formes graves de la maladie. « L’idéal serait donc que les rappels vaccinaux soient adaptés aux variants actuels afin de mieux contrôler l’épidémie et la circulation du virus », reprend Etienne Decroly. 

Et certains laboratoires se préparent : l’entreprise américaine Moderna a annoncé vendredi son intention de développer une dose de rappel spécifique pour le nouveau variant Omicron du Covid-19 jugé « préoccupant » par l’OMS. « Moderna va rapidement développer un candidat vaccin pour une dose de rappel spécifique au variant Omicron », a déclaré l’entreprise américaine dans un communiqué.

Cette annonce s’inscrit dans une stratégie visant à travailler sur des doses de rappel spécifiques pour les variants préoccupants, selon Moderna. « En 2020-2021, cela a déjà inclus des doses de rappel pour les variants Delta et Beta », a précisé le laboratoire, disant avoir « démontré à plusieurs reprises sa capacité à faire passer de nouveaux candidats au stade des essais cliniques en 60-90 jours ». 

« Depuis le début, nous avons dit que pour combattre la pandémie, il était impératif d’être proactif face à l’évolution du virus », a affirmé le patron de Moderna, Stéphane Bancel, cité dans le communiqué. « Les mutations du variant Omicron sont préoccupantes et depuis plusieurs jours nous avançons aussi vite que possible pour exécuter notre stratégie afin de lutter contre ce variant », a-t-il ajouté.

Pfizer étudie Omicron

D’autres industries sont aussi sur les rangs. Le laboratoire allemand BioNTech, allié à Pfizer, a dit étudier ce nouveau variant et attendre « au plus tard dans deux semaines » de premiers résultats d’études qui permettront de déterminer s’il est capable d’échapper à la protection vaccinale. Il faudra « plusieurs semaines » pour comprendre le niveau de transmissibilité et de virulence du nouveau variant, a souligné vendredi le porte-parole de l’OMS. 

Les deux laboratoires « se sont préparés il y a plusieurs mois à ajuster leur vaccin en moins de six semaines et à livrer les premières doses en 100 jours » si un variant s’avérait résistant, selon une porte-parole vendredi. En effet, Pfizer a confirmé au quotidien Libération, le 25 novembre, qu’il teste depuis le mois d’août « une version actualisée de [son] vaccin, qui cible la protéine de pointe complète du variant Delta ».

Le groupe AstraZeneca s’est, lui aussi, fendu d’un communiqué sur la question, déclarant avoir « développé, en étroite collaboration avec l’Université d’Oxford, une plate-forme vaccinale qui nous permet de répondre rapidement aux nouvelles variantes qui peuvent apparaître ». Le scientifique britannique qui a dirigé les recherches sur le vaccin a affirmé samedi qu’un nouveau sérum pourrait être développé « très rapidement » contre le variant Omicron.

Le professeur Andrew Pollard, directeur de l’Oxford Vaccine Group, a estimé « extrêmement improbable » que ce nouveau variant se propage fortement au sein de la population vaccinée, « comme nous l’avons vu l’année dernière » avec le variant Delta. Mais si c’était le cas, « il serait possible d’agir très rapidement », a-t-il affirmé sur la BBC, car « les processus de mise au point d’un nouveau vaccin sont de mieux en mieux huilés ».

De son côté, l’Agence européenne des médicaments (EMA) n’est pas aussi enthousiaste à l’idée d’une mise à jour rapidement. Le régulateur européen a déclaré vendredi qu’il était « prématuré » de prévoir une adaptation des vaccins au nouveau variant du Covid-19 détecté d’abord en Afrique du Sud, alors que plusieurs pays ont stoppé ou restreint les vols depuis l’Afrique australe. 

L’Agence européenne des médicaments (EMA) a indiqué qu’elle avait besoin de plus de détails pour voir si la souche, qui présente de « nombreuses mutations », pourrait échapper aux quatre vaccins actuellement autorisés au sein de l’Union européenne. « Nous surveillons de près le variant B.1.1.529 nouvellement apparu, qui présente de nombreuses mutations dans la protéine de pointe du Covid-19 », a conclu l’EMA, dont le siège se situe à Amsterdam, dans un communiqué à l’AFP.

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