Mohamed Bouhafsi : « Je ne voulais pas qu’on me voie comme un enfant battu »
Dans « Rêver sous les coups », le journaliste de 29 ans confie avoir été battu par son père quand il était enfant. Il raconte à ELLE comment il a réussi à s’en sortir après des années de silence.
Chroniqueur chez « C à Vous » et journaliste sur « France 2 » pour « 20h22 », Mohamed Bouhafsi a tardé à raconter son histoire, celle d’un enfant battu par son père qui frappait aussi sa mère. « J’ai préféré tourner la page et ne pas le dire aux autres. Je ne voulais pas qu’on me voit comme un enfant battu mais comme un bon journaliste », justifie-t-il dans une vidéo pour ELLE.
C’est après une tribune dans « Le Journal du Dimanche » dans laquelle il expliquait avoir été frappé de manière répétitive par son père et après un déjeuner avec sa famille qu’il décide d’écrire ce livre. « Ma belle-sœur m’a dit “un livre c’est comme un cadeau : un cadeau qu’on se fait à soi mais aussi un cadeau qu’on fait aux autres” », se rappelle-t-il. Cette histoire intime et difficile, il la partage avec sa mère, elle aussi la cible des violences du père de Mohamed Bouhafsi. À la hauteur de ses yeux de petit garçon, le journaliste se rappelle d’une soirée pendant laquelle son père a été particulièrement violent. Sa voisine, alertée par les cris, est descendue chercher Mohamed pour le mettre à l’abri chez elle et son mari. Mohamed l’a suivi, laissant sa mère derrière lui : « Je me dis à ce moment-là qu’elle va peut-être mourir, que je ne la reverrai jamais. »
« TROIS ANS, SEPT MOI ET UN JOUR »
Au fil du livre, on tombe parfois sur une page avec seulement quelques lignes : « Trois ans, sept mois et un jour. C’est la durée de la courte vie du petit Tony » extrait du « Figaro ». L’article date de 2021 et relate le destin tragique d’un petit garçon, décédé d’une rupture de la rate et du pancréas, après des violences subies des mains de ses parents. Un électrochoc qui revient plusieurs fois lorsqu’on lit ces différentes histoires. « Si on n’ouvre pas les yeux sur les situations et les tragédies que certains vivent aujourd’hui : Quelle société on aura demain ? Et quels adultes on va créer demain ? », s’interroge le journaliste.