Le NON à l’indépendance : une « victoire » pour Macron mais un vote « entaché » par le boycott en Nouvelle-Calédonie

Le référendum en Nouvelle-Calédonie, marqué par une très forte abstention, a été suivi par plusieurs médias étrangers, en partie parce que la position de la France dans le Pacifique, région hautement stratégique, en dépendait.

Il s’agit d’une “victoire pour le président français Emmanuel Macron”, annonce Bloomberg alors que la Nouvelle-Calédonie, présentée par l’agence comme “un archipel dans les eaux stratégiques du Pacifique”, a voté dimanche à plus de 96 % contre l’indépendance. Sauf que ce rejet d’une séparation a été “entaché par le boycott”, nuance le Guardian. La participation de 44 % s’explique par le refus des partis indépendantistes de participer au vote, explique Politico Europe.

L’interdiction des rassemblements à cause du Covid a empêché de faire campagne normalement selon les indépendantistes, qui auraient préféré un vote à la fin de l’an prochain. D’autant plus que la période de deuil observée par le peuple kanak du fait de la pandémie ne représente pas un moment politique idéal, observe Radio NZ.

Quelques jours avant l’échéance, la radio publique néo-zélandaise s’est intéressée à la situation sur place, notant un “malaise grandissant” sur le maintien du référendum à cette date. “Le mécanisme de décolonisation, enclenché depuis trente ans, atteint ainsi sa fin formelle sans la participation pleine et entière du peuple colonisé au centre du processus”, s’étonne le média kiwi.

“Il y a des raisons de croire qu’un vote retardé bénéficierait à ceux qui désirent l’indépendance”, remarquait NPR la veille de ce troisième référendum. Le non l’avait emporté de 57 % en 2018 et de seulement 53 % en 2020 avec une participation supérieure à 80 %.

Débat à venir sur la validité du résultat ?
“L’absence aux urnes de l’une des parties menace d’ouvrir un débat sur la validité du résultat et de laisser le litige ouvert”, prévient El Pais, qui consacre un long article au référendum. “Les indépendantistes avaient le vent en leur faveur. Le refus de participer peut sembler illogique. Les choses ont changé. Pas seulement à cause de la pandémie. La crise sanitaire a montré les avantages d’appartenir à la France”, souligne le quotidien espagnol.

Mais les Kanaks, qui se sentent mis de côté depuis la colonisation, rappelle Bloomberg, souhaitent à travers leur indépendance “plus de contrôle sur l’économie, y compris les vastes réserves de nickel du territoire, les quatrièmes plus importantes du monde”.

Si pour Emmanuel Macron, “le résultat du vote est d’une importance stratégique”, comme l’écrit la Frankfurter Allgemeine Zeitung , l’enjeu ne concerne pas uniquement le nickel, essentiel pour la fabrication de batteries au lithium.

“La France a augmenté sa présence économique et militaire dans le Pacifique pour contribuer à l’équilibre entre la Chine et les Etats-Unis”, affirme Bloomberg. “La Nouvelle-Calédonie, avec sa population de moins de 300 000 habitants, est centrale pour la stratégie de Macron en servant de quartier général régional et en lui donnant accès à l’océan Pacifique alors que montent les tensions avec la Chine”. Ce qui fait dire à l’agence qu’un oui au référendum aurait mis en péril la position française dans la région.

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