La soif d’apprendre : sept leçons d’Afrique de l’Ouest et centrale

The World Bank

Comme dans l’histoire d’Ama, la réussite des petites filles d’Afrique de l’Ouest et du centre commence à l’école primaire, avec de bons professeurs et dans des conditions favorables, qui les aident à se concentrer sur leur apprentissage. Elle dépend aussi de la formation des enseignants et des ressources dont ils disposent, d’une évaluation régulière des acquis, de la qualité des routes facilitant le transport scolaire tout comme de la mise à disposition d’eau potable et de toilettes dans les établissements ainsi que de cantines scolaires.

Alors que le monde entier célèbre la Journée internationale de l’éducation, il est plus que jamais nécessaire d’investir dans la jeunesse et de faire de l’éducation une priorité. Voici sept leçons essentielles tirées des pays d’Afrique de l’Ouest et centrale, soulignées dans la stratégie régionale de la Banque mondiale pour l’éducation. Son objectif : permettre aux filles et aux garçons d’arriver à l’école dans de bonnes dispositions pour apprendre et y acquérir de véritables connaissances, afin qu’ils puissent entrer sur le marché du travail équipés des compétences nécessaires et devenir des citoyens actifs et épanouis.

1 – Reconnaître les acquis préalables

Le taux net de scolarisation primaire en Afrique de l’Ouest et centrale est presque universel, étant passé de 50 % dans les années 1990 à près de 90 % aujourd’hui. Dans le secondaire, les effectifs ont plus que doublé au cours de la dernière décennie, pour atteindre une moyenne de 55 %.

Alors que la pandémie de COVID-19 a exacerbé la crise de l’éducation dans la région, privant des millions d’enfants d’école ou d’accès à l’enseignement à distance, il est important de reconnaître les efforts importants réalisés en faveur de l’éducation des jeunes Africaines et Africains au cours des dernières décennies, ainsi que ce qu’il reste à mettre en œuvre pour faire progresser encore la réforme des systèmes éducatifs.

« Le progrès réalisé dans le cycle primaire est fulgurant avec un niveau proche de l’accès universel. Toutefois, nous ne devrions pas perdre de vue que ce succès est relatif, car il est plus quantitatif que qualitatif. Ce qui signifie qu’il reste un long chemin à parcourir, » rappelle Ousmane Diagana, vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique de l’Ouest et du centre.

2 – Transformer l’éducation : remédier à la pauvreté des apprentissages

Malgré les progrès réalisés, 8 enfants sur 10 en Afrique de l’Ouest et centrale ne savent ni lire, ni comprendre un texte simple à l’âge de 10 ans, et plus de 32 millions d’enfants restent privés d’école, soit la plus importante proportion au monde. Les lacunes accumulées durant l’enfance se retrouvent à l’âge adulte, où la pauvreté des apprentissages se traduit par un fort taux de décrochage scolaire, un progrès social limité, et une main-d’œuvre peu qualifiée. Les gouvernements doivent intervenir s’ils veulent transformer l’éducation et mettre fin à la pauvreté des apprentissages.

3 – Privilégier un leadership tourné vers l’impact : les pays peuvent tirer parti de leurs propres expériences 

Pour s’attaquer à la crise de l’apprentissage, il est nécessaire de faire preuve d’un leadership solide, d’améliorer la mise en œuvre des politiques d’éducation et d’investir davantage dans les interventions à fort impact, notamment par le biais d’approches concertées impliquant non seulement le gouvernement mais aussi la société dans son ensemble. Les responsables politiques peuvent s’inspirer d’interventions qui ont déjà fait leur preuve ailleurs pour les étendre et les adapter aux contextes et spécificités de leur pays. 

Au Tchad, par exemple, un système de paiement mobile pour rémunérer les enseignants dans certaines communautés a permis d’améliorer le taux de présence et la motivation des enseignants. En Mauritanie, la mise en place de comités de gestion scolaire a permis d’accroître l’implication des parents dans le fonctionnement des écoles. Le Mali a vu son taux d’inscription dans le secondaire multiplié par 2,5 depuis 2000 grâce à l’adoption d’un modèle de partenariat public-privé dynamique. Pendant la pandémie de COVID-19, la Sierra Leone a proposé des cours gratuits à la radio, à la télévision, par téléphone et en ligne. Au Sénégal, le Projet d’amélioration de la qualité et de l’équité dans l’éducation de base a aidé les écoles coraniques, ou daaras, à fournir des compétences fondamentales à leurs élèves. En outre, le projet de Centres d’excellence dans l’enseignement supérieur en Afrique permet de former des étudiants de troisième cycle et de développer les capacités de recherche ainsi que la collaboration régionale dans les domaines des sciences, technologie, ingénierie et mathématiques, ou STIM, pour répondre à l’important déficit de compétences.

Ces quelques exemples montrent que les pays ont la capacité d’agir et de transformer cette crise de l’apprentissage en une occasion de mieux préparer l’avenir.

4 – Au Sahel, l’éducation est un vecteur de paix et d’inclusion socioéconomique

L’éducation constitue un moteur essentiel de stabilité, de cohésion sociale et de paix.Confrontés à des incertitudes grandissantes, les jeunes vivent dans des zones où les chocs climatiques les empêchent d’exercer les activités agricoles qu’ils avaient auparavant, et nombreux sont ceux qui finissent par céder aux appels des terroristes. Il est donc essentiel de les autonomiser en leur transmettant les compétences dont ils ont besoin et en leur donnant les moyens de se réaliser. Il est également primordial de garantir la même justice et les mêmes chances d’évolution sociale à chaque citoyen. Les pays du Sahel et leurs partenaires, comme l’Alliance Sahel, prennent d’importantes mesures afin de développer une feuille de route pour l’éducation, apte à changer la donne au cours de la prochaine décennie.

Dans la Déclaration de Nouakchott de 2021, les dirigeants du G5 se sont engagés à développer des politiques innovantes afin d’améliorer la qualité de l’éducation en renforçant l’appui aux enseignants et en augmentant les dépenses d’éducation pour dépasser les 3 % de PIB actuellement alloués à ce secteur.

5 – Exploiter la puissance de la technologie 

La technologie peut jouer un rôle crucial pour soutenir de manière innovante les enseignants, étudiants et plus largement le système pédagogique, tout en stimulant l’équité, la qualité, la résilience et l’efficacité de nos systèmes éducatifs.

Pendant la pandémie de COVID-19, des millions d’étudiants ont été affectés par les fermetures d’écoles. Au Nigéria, l’État d’Edo a saisi cette occasion pour renforcer ses efforts en faveur de l’éducation numérique et a utilisé WhatsApp, ainsi que d’autres plateformes, pour assurer des cours en lignes. Grâce à son initiative EdoBEST, plus de 11 000 enseignants ont pu recevoir une formation rigoureuse et 7 000 salles de classes virtuelles ont été créées. Une nouvelle approche a également été lancée pour réformer l’ensemble du système éducatif en utilisant des technologies numériques modernes, recommandées en sciences de l’éducation, afin d’améliorer les processus d’enseignement et d’apprentissage.

6 – Les jeunes d’abord

« Même avant la pandémie, le monde traversait déjà une crise de l’éducation. Mettre les jeunes d’abord est au cœur de notre travail. Le futur de toute société repose sur sa capacité à fournir à ses enfants et sa jeunesse les outils et les opportunités nécessaires pour se développer en tant qu’individus, et pour contribuer au développement collectif de la société et du pays, » rappelle Ousmane Diagana.

Le concours de slam #YouthActOnEDU a mobilisé les jeunes sur les questions d’éducation pour leur faire mettre en avant l’importance de l’éducation et de l’accès à un apprentissage de qualité. Découvrez, regardez et écoutez les gagnants issus de toute la région Afrique de l’Ouest et du centre.

7 – Un engagement politique fort

Les dirigeants de toute l’Afrique de l’Ouest et centrale ont souscrit à l’Appel urgent à l’action pour l’éducation signé à Accra en juin 2022 afin d’atteindre des cibles ambitieuses, en se concentrant sur :

  • l’alphabétisation de 30 millions d’enfants d’ici 2030 ;
  • la scolarisation de 12,5 millions d’adolescentes supplémentaires d’ici 2030 ;
  • la formation de 3,7 millions de jeunes adultes supplémentaires aux compétences de base d’ici 2025 ;
  • et l’acquisition de compétences numériques par 1 million de jeunes supplémentaires d’ici 2025, dont 60 % devraient obtenir de meilleurs emplois.

Source : Banque Mondiale

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